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poésie et textes

15 janvier 2016

l'épicière

Ma grand-mère était épicière, elle le resta jusqu’à un âge avancé ! Pour les jeunes générations, être épicier, cela ne veut plus rien dire, ils connaissent uniquement les grandes surfaces périphériques, les caddies poussés joyeusement emplis de marchandises souvent non désirées ! Ces temples de la consommation ont fini par nous lasser, mais il est vrai que les sexagénaires que nous sommes, déclinent lentement vers la sénilité !
Cécile-ainsi s’appelait ma grand-mère - avait fait de la pièce où j’écris, une épicerie de quartier, comme il devait en exister une bonne dizaine dans cette avenue baptisée du nom d’un ancien maire dont le titre de gloire fut d’être le premier maire socialiste de la ville. C’était, il y a bien longtemps ; Cécile, elle, s’est installée au numéro 41 dans une période de kermesse et de défilés, le Front populaire, victorieux des élections législatives de 1936, laissait croire à des lendemains qui chantent, et, en effet, ils chantèrent quatre ans plus tard quand le vilain moustachu terrorisa un pays soudain conscient de son infériorité militaire !
Cécile était faite pour le commerce, sa prestance, son sens de l’écoute, car dans le petit commerce, il faut savoir écouter (on est le confident d’une armée de ménagères ménopausées, de veuves éplorées et d’orphelins inconsolables) ! Cécile écoutait puis vendait les pâtes Lustucru, l’huile Lesieur et le soda pschitt ; il y avait un immense comptoir en bois sur lequel trônait des boites de conserve, des paquets de gâteau et d’autres présentoirs.
Le magasin était constitué d’étagères en bois, le vin était distribué à la tireuse, chacun apportait sa bouteille qu’il remplissait, mais cette période me semble lointaine puisque j’ai ouvert les yeux dans l’après-guerre finissant. C’était l’année où Fausto dominait de la tête et des épaules, le tour de France cycliste, signant une victoire écrasante dans la montée de l’Alpe d’Huez, c’était également l’année où le gentil moustachu (pas le vilain !) fredonnait dans des cabarets parisiens ses premières chansons !
1952 ne m’a pas laissé de grands souvenirs, c’est une terre vierge, totalement inculte à laquelle rien ne me rattache !
Cécile, je la revois, assise sur une chaise dans un angle du magasin, elle crochetait en attendant le client. Comme avec le temps, celui-ci se faisait plus rare, elle était stoïque, les pieds posés dans une chaufferette en hiver !
Le magasin restait son royaume, dans les années 60, celui-ci ne désemplissait pas. La période que je préférais demeurait celle de Noël, les bonbons au chocolat que Cécile vendait en vrac attiraient ma gourmandise et vidaient les stocks. Je ne sais pas, si pour elle, le commerce était un sacerdoce ou une véritable source de revenus. Quand elle devint veuve de Marius, elle ne songea pas à la retraite, elle poursuivit ce, qui pour elle, devait être sa grande œuvre !
Mon grand-père était né dans le ségala à proximité de la ferme des ancêtres de Balzac. Cécile naquit sur le plateau viracois, à Villeneuve sur vère, un village charmant où le temps semble s’étirer comme un serpent au soleil ! Son père était cordonnier en une époque où les chaussures se transmettaient presque de génération en génération !
Avec Marius, ils découvrirent les joies du mariage en 1912, l’orage grondait, une jeunesse eut le temps de batifoler avant de courir à la guerre !
Je sais peu de chose sur eux, ils étaient secrets, taciturnes sans illusion sans doute sur la race humaine, je pense qu’ils souhaitaient s’élever socialement, à cette époque, la cité minière prospérait et les commerçants remplissaient le bas de laine.
Presque cent ans plus tard, la ville est une cité fantôme, un lieu de pèlerinage pour des nostalgiques des corons et de Jaurès ! Ici, on implore Jaurès quand les récoltes se tarissent, mais le vieux prophète socialiste devient sourd et s’il pointe toujours un doigt vers le paradis des damnés de la terre, il n’est plus dupe de l’illusion perdue ! Jaurès, le dieu païen, fait depuis longtemps figure d’idole chue !

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14 janvier 2016

van gogh

Telle ainsi promise l’offrande, gît sur le parquet

L’oreille, qui des fureurs passées, sacrifie le trophée

Voici Van Gogh seul devant sa détresse étouffée

Transformant le champ noir d’un magenta confisqué

 

Mais l’obstiné, sous l’ange tutélaire manqué

Des migraines violentes, embellit le petit nymphée

Le peintre se projette dans le désastre de l’autodafé

 

Quand la luminosité fragile des tournesols jaunes

Suggère de la compréhension nulle pitié ni haine

Mutile son être comme un maléfice du Rhône

 

Lui s’arrache au mépris des pâles bateleurs

Qui l’emprisonne d’une légende méditerranéenne

Toi, tu peins l’homme à l’indéfinissable douleur !

 

12 janvier 2016

le lion et le vieillard

 Un brave lion vivait dans une cage
Il venait de dévorer Lord Carrington
Dans un cirque miséreux près du Tage
La bête s'endormait comptant les moutons

"Mil neuf cent quarante ! Je suis trop glouton
Cet homme hurle sans cesse "Dégage!"
Il me tend un piège ! Cela doit être un gage !
À moins qu'il veuille jouer à saute-mouton !"


La foule hystérique brûle le grand chapiteau
Pas de dompteur ! Pas de lion ! Qui est venu ?
Un vieillard incertain, appelle au miracle


Avant de chuter face à un louveteau !
Rien ne sert de courir, il faut trotter menu
Nous ferons le gros dos à la fin du spectacle !

7 janvier 2016

le chat et la souris

Un chat plein de morgue veillait une souris

Il ronronnait de plaisir prêt à donner l'assaut

Une enfant toute émue délaissait son cerceau

L'art de la guerre dit un général est tromperie

 

Le plus fort n'est pas celui qui de l'autre se nourrit

Il suffit d'être serein comme le chant du ruisseau

Guettez dans l'ombre, du dormeur le soubresaut

Il perd son odorat,  dans le rêve qu'il poursuit

 

la vanité, voila mon amie notre pire capital!

Pour avoir vécu dans le palais monumental

Je puis certifier que l'ennemi perdra son pari!

 

Tous les maux viennent de notre esprit vulnérable

Apprenez à lutter, à défier la pensée du connétable

Vous connaitrez alors la paix et serez fort marri!

 

 

 

 

 

27 décembre 2015

le temps fugue

Le temps fugue, vilain balancier

Ma mémoire, lentement, navigue

Miroir oh mes blessures dépréciées

Aux souvenirs semblez prodigue !

 

Car soudainement vierge pressée

D’un sacre, ayant le philtre bu

Féroce perfidie encore versée

La jeune esclave boude la tribu !

 

Hier captive puis chassée scélérate

Des noces brisées de l’Euphrate

Sonne maintenant votre ignominie !

 

Souveraine infidèle que je renie

De Saadi le poète, signez la mort

Trop distante et nulle de remords !

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27 décembre 2015

il est tant de pleurer

Faut-il désespérer de tout

Dans l’ombre nier  le désir

De tout   secret intime !

Il est tant de pleurer,

L’homme ne pleure pas assez,

Et de retrouver cette moitié,

Cette part de soi

Masquée et solitaire !

Pessimiste, j’entends

Comme un marteau

 Sur l’enclume.

Nous avons marché,

Jusqu’à l’extrême pointe

De cette nuit secrète

Où la clarté abolit

Le miroir brisé !

J’étais l’autre

Cet étranger absent,

Dans la mélancolie

 D’une interrogation,

À chercher la beauté.

Je définis mon passage

Comme un acte sensuel

Au  rêve   prémonitoire !

 

Qu’est-ce que la poésie ?

Une échelle de mots

Accrochée à la lune,

Un souffle ployé

Sous  la magie du vent,

Une certitude

Volée au mystère,

Un fruit dénudé

Aux lèvres de l’extase,

Une prison

Où purge sa peine

Le  maître hanté

Par l’alphabet grec…

La poésie

Est une fenêtre

À demi-close

Sur la féminité,

Un lieu aimé

Où fument encore

La braise  chaude,

La poésie

Est une détrousseuse d’âme

Blessée par la faux !

Toute nuit est profonde

Comme un abysse !

 

 

Il est tant de pleurer !

Je suis un oiseau déplumé

Qui récite des mots

Sur un piano triangulaire

Où git le silence !

Ma vie est une musique

Enlisée dans le sable !

N’occultez pas le crépuscule,

Il est la rosée du matin

Dérobée aux assoiffés

De lenteur !

La neige est rebelle

Sur le chemin pierreux

Comme un supplicié

Que traque le venin

Du serpent amnésique !

Il est tant de pleurer

Dans la conscience étirée

Des sonneurs de carême !

27 décembre 2015

la flamme

Que s’élève la flamme ! Elle vit, elle veille !

Le rêve est un village peuplé de fantômes

Ils accourent subjugués par mille gnomes

Qui les invitent à partager mon sommeil !

L’aube est frileuse ! J’étreins la flamme

Sous laquelle j’écrivais jadis solitaire.

Je dus m’évanouir au contact de la rame

Une voix brisée par le vent crie ma colère 

Je suis élu ! Je vogue vers l’éternité,

Serein, protégé de l’ombre tutélaire

Guettant la providence d’une divinité.

Elle marche seule, supplée mon calvaire

Rompt le fil du voyage extatique

Auquel me lie une musique surannée.

Peut-on éteindre le feu emprisonné

Dans  nul  autre,  oh ! Voyeur hermétique !

 

 

 

27 décembre 2015

baiser

Oserai-je à tes lèvres

Poser ce baiser

Le temps est sévère

Pour un gentil baiser

L’ai-je trop attendu

Qu’il me semble léger

Pour être rendu

Aux ailes si gelées

D’un matin vêtu

De neige pendue !

Né aux chimères

D’une nuit atone

Qu’une fée lunaire

Rend friponne

Baiser, oh ! Baiser

As-tu croisé

Dans ton vol attiré

D’autres baisers éthérés ?

27 décembre 2015

à SIVENS

À  Sivens

Où rôde la mort

Toute innocence

Est suspecte,

   Pleurent les ombres

 

À Sivens

Épanoui de tendresse

Un homme

A reçu l’offrande,

Une bougie

Dont la flamme vacille

A croisé la main

Noire, assassine

Du prince ténébreux,

    Pleurent les ombres

 

À  Sivens

Sur le champ d’honneur

Défilent les étoiles,

Gardez-nous de l’enfer

Soleil couché

Sur l’illusion

Innocences défendues

Contre tout fléau,

     Pleurent les ombres

 

À  Sivens

Toute beauté est interdite

Au souffre-douleur

Quand viennent éclore

Les roses de l’amour,

     Pleurent les ombres

 

 

25 décembre 2015

le vieux singe

Un vieux singe, conservait  dans sa musette

Le traité sur la vie volé à son père spirituel.

Il marchait, habillé comme un greffier perpétuel

Récitant sans cesse des vers semés par un poète !

Le maître hédoniste rêvait aux femmes de Tanger.

« Mon pauvre ami, vous paraissez plus matamore

Que notre aïeul, insupportable à force de propager

Des idées généreuses  sur la révolution ! Pécore !

Il nourrissait son esprit de l’œuvre de Rousseau.

Hélas ! Il mourut comme Gavroche dans le ruisseau !

Ne maugréez pas ! Ne reniez pas notre vie atypique !

Toute rébellion finit dans le sang et la barbarie !

N’êtes-vous point, à mon côté   ami sympathique ?

Dans ce monde repu de fièvres et d’armoiries

Nous marchons libres ! Vous me devez raison !

Écoutez ! Nous avons traversé trop de califes

Amuser mille princes, aimer plus que de saison.

Vous portez d’un magicien la plus belle griffe

Et n’êtes plus enfermé dans la cage d’un cirque

Comme un serf promis au dompteur cynique.

Pourquoi, voulez-vous, de moi, vous émanciper ?

Brûlez cet écrit, nul besoin d’un tuteur à problème

Qui transforme votre esprit, sans rien anticiper !

Ne sombrez  pas dans une célébration suprême ! »

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